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La race normande accélère sur le lait

Spiritueux a échoué aux portes de la sélection de L’Eleveur laitier sur les profils complets à cause de sa synthèse bouchère neutre. Il avait sinon toute sa place par son index lait de 882 kg, ses taux très positifs et les aplombs à +3,2. Il est surtout leader de la race en morphologie (+3,5).

Indexation d’avril. La race normande a une augmentation du potentiel laitier plus élevé que les races prim’hosltein et montbéliarde. C’est ce qu’indique le changement de base mobile que vient de publier l’Institut de l’élevage.

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Les sélectionneurs normands sont tentés de lancer un cocorico. Le changement de base d’indexation de 2024 met en évidence une hausse de 6,3 points d’Isu du niveau génétique de la population de référence. L’Institut de l’élevage (Idele) modère leur enthousiasme en rappelant qu’avec la nouvelle méthode d’indexation single step, appliquée depuis avril 2022, un plus fort progrès génétique est observé. « Cela se répercute sur le changement de base qui est plus important qu’avec la méthode polygénique », indique-t-il dans sa note d’information sur le sujet. L’autre modération provient de la race prim’holstein qui continue de progresser plus que la race normande, avec 8,4 points d’Isu.

La satisfaction normande vient surtout de l’avancée du potentiel laitier de 111 kg, contre 62 kg pour la holstein et 100 kg pour la montbéliarde. Le leader laitier Theix (Redempto sur Open Val) est l’emblème de cette évolution. À l’indexation d’avril 2024, il affiche 1 914 kg de lait. Ce sont exactement 100 kg d’index lait de plus que le leader 2023/1, Neopps.

145 mâles à 1 000 kg et plus

Plus largement, la sortie 2024/1 compte 145 taureaux mis en service à 1 000 kg et plus, soit cinq de plus que l’an passé. Leur index moyen s’élève à 1 245 kg, contre 1 226 kg en 2023/1.

Les 1914 kg d’index lait hisse Theix numéro un laitier de la race normande à l’indexation 2024/1. Le nouveau taureau affiche d’autres qualités : TP à +1,6 g/kg, mamelle, format, aplombs et santé du pied positifs à très positifs. (© Synetics)

Le leader de la race Uguel est dans cette moyenne (1 237 kg). Il est aussi le numéro un de la sélection de L’Éleveur laitier sur les profils complets et de production. Il a de quoi séduire. Quasiment tous ses index sont positifs, avec une mention spéciale sur les fertilités vaches et génisses, respectivement de 1,4 et 1,2 (mais -1 en intervalle vêlage – première IA). Il a hérité ces qualités de son père Rabelais (174 points d’Isu), dans le top 10 des inséminations artificielles premières (IAP) 2023 (lire l’encadré ci-dessous). Tous deux améliorent peu la taille, ce qui contribue sans doute au bon niveau de la « repro ». Le potentiel laitier élevé et une taille amélioratrice sont en effet corrélés négativement à ce critère. Uguel va plus loin en proposant des animaux larges. Synetics le conseille sur Requiem, Platini, Placebo, Paimont ou encore Marvel.

La sélection sur la vitesse de traite à poursuivre

Le jeune reproducteur a un autre atout majeur : il cumule résistance aux cellules (+2,3) et vitesse de traite positive, même si elle est modique (+0,3). Ces deux niveaux contrastés sont logiques car, qui dit résistance aux cellules, dit sphincters plus vite fermés et donc une traite moins rapide. Cela se confirme dans le bilan génétique des IAP de l’Idele : le niveau de la santé de la mamelle a gagné de l’ordre de 2 points en dix ans tandis que celui de la vitesse de traite stagne sous 0,5 point. « Ce sujet fera partie des discussions sur la réforme de l’Isu dans les prochains mois au niveau de la race », indique Matthieu Chambrial, responsable du schéma de sélection d’Origen Normande. Il réitère son conseil donné l’an passé dans nos colonnes : « Un index cellules entre 1,5 et 2 est largement suffisant. Inutile d’aller chercher dans les extrêmes. »

De la sélection de L’Éleveur laitier, sept taureaux dotés d’une combinaison traite-cellules équilibrée émergent : Palace (Nirvana/Fulco), Sniper (Ouijoli/Mille DT), Ravaillac (Orfèvre/Giga Isy), Uruguay (Roisoleil/Oltraford), Sesame (Oltraford/Lima), Speaker (Placebo/Manchester), Stakanov (Platini/Lhassa). À noter que, parmi eux, seul Uruguay est nouveau. Chez les cinq premiers, on retrouve l’influence de Mercredi (Eville-Saintyorre) qui affiche aujourd’hui 0,5 en cellules et traite.

Ne pas lâcher sur la variabilité

Uruguay et Sesame en bénéficient par Oltraford, qui n’est pas marqué par Upérise dans son pedigree. Pas étonnant qu’il soit le leader des IAP en 2020 et 2021. « Avec l’arrivée des fils et petits-fils, Oltraford sera moins original dans une génération, même si nous avons le souci de construire des descendants mâles aux profils éclatés », souligne Jean-Christophe Boittin, de Synetics-Innoval.

L’entreprise de sélection a musclé l’an passé la prise en compte de la variabilité génétique dans son logiciel d’accouplements. « Vu l’empilement des générations, on ne peut qu’augmenter la parenté. La plus récente est la plus à risque. » On le constate dans les profils dégagés par L’éleveur laitier : les deux tiers des taureaux (dont une bonne part de l’an passé) affaiblissent, en moyenne, la variabilité. De même, dans l’indexation 2024/1, le taux de parenté à la population femelle des taureaux de 150 d’Isu et plus s’élève à 6,7 %. Ils sont en moyenne cousins germains avec les femelles. Synetics-Innoval propose d’introduire la variabilité génétique dans le prochain Isu. Les schémas de sélection en tiennent compte aujourd’hui via l’Isuo (ou Isu parenté) qui est calculé en parallèle de l’Isu. Ils intègrent la variabilité par les allèles chromosomiques. En attendant, Synetics ajoute depuis l’an passé dans ses catalogues un picto violet « O » pour signaler les taureaux originaux (parenté femelle à 6,5 % et moins, Isuo à -4 points et moins). Avec 6,5 % de parenté femelle, Talent en fait partie. Il est numéro un et deux des profils complets et fonctionnels de la sélection de L’Éleveur laitier. Il renvoie à l’ascendance paternelle Halonzo (famille Noyalo-Foix), qui ne totalise que 713 filles. De son côté, Origen Normande prend l’exemple de Tiptop : également à 6,5 % de parenté femelle, l’originalité de ses allèles fait grimper son Isu de 10 points (172 d’Isuo et 162 d’Isu). Il provient pourtant de la branche Diamètre par son père et sa mère : Horléans-Finnois- Diamètre par Placebo et Uvray- Lovia-Diamètre par Medellin, le grand-père maternel.

Paratuberculose : 41 % des taureaux résistants

La perspective d’un nouvel Isu n’empêche pas la race normande de mener d’autres projets. À l’occasion de l’indexation 2024/1, elle lance l’indicateur de résistance à la paratuberculose, qui rentre désormais dans les outils d’assainissement de la maladie.

La bonne nouvelle est que 41 % des taureaux de 120 d’Isu et plus offrent cette résistance, sans aucune intervention des schémas de sélection. Cette dernière s’est faite naturellement par l’élimination des animaux malades et moins productifs.

La deuxième nouveauté est l’index santé du pied qui devient commun à tous les éleveurs, après les index développés par les entreprises ces dernières années (lire le dossier de mai 2024 de L’Éleveur laitier). Les taureaux porteurs du gène sans corne font aussi l’actualité. Typhon P (151 points d’Isu), demi-frère de Talent, est le premier que Synetics diffuse largement au-delà du noyau de sélection. Il suit Stimulus P mis en service en décembre 2022 et Sphinx P en avril 2023. Ils sont deux petits-fils de Navidad, commercialisés en-dehors de l’Europe. Deux autres sont également utilisés par Synetics, mais uniquement dans son schéma de sélection : Thesee P (décembre 2023) et Togo P (avril 2024).

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